Si vous lisez Spanky Few régulièrement, vous savez que depuis notre rencontre avec Myrtille, nous avons développé une petite passion pour les fleurs. Aujourd’hui, nous parlons graines et balcon avec David Jeannerot Rénet, des Mauvaises Graines. Vous vous définissez comme un planiste urbain, qu’est ce que ça veut dire ? Un plantiste urbain, c’est un amoureux de la nature et de la ville. Le terme plantiste vient en partie en contradiction avec celui de fleuriste : le fleuriste travail avec des plantes mortes, le plantiste avec des plantes vivantes, car il ne prend pas que la fleur. Il cultive, reproduit et trouve une place au milieu de la ville pour qu’une plante puisse se développer librement. Un plantiste urbain cherche à donner un espace de liberté à la Nature dans la ville. Comment est né cet amour des plantes ? D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé les plantes c’est important pour moi d’en être entouré. J’aime partager et faire découvrir ce plaisir simple et magique à la fois. C’est un tel plaisir de voir le sourire des gens devant le jardin que je viens de réaliser chez eux. Côté inspiration, la première est évidemment la Nature. Un talus, une friche…il y a toujours des choses étonnantes à découvrir, même dans les endroits les plus banals. Il y a aussi mon passage dans le monde de la mode et la vie urbaine qui apportent leur touche dynamique et contemporaine. Parlez-nous de votre livre Les Mauvaises Graines… Avant tout une autre vision du jardin que celle que l’on véhicule depuis des années. Je tente de dépoussiérer ce monde qui doit définitivement être jeune, innovant et dynamique. J’aimerai donner aux urbains ce goût d’expérimenter, de découvrir et de tenter les trucs les plus fous possible. Quels conseils donneriez-vous à des plantistes urbains en herbe ? Observez, imaginez et testez. Pour apprendre à cultiver, il faut mettre les mains dans la terre! Un seul mot d’ordre : pas de complexe! Les plantes qui poussent dans les fentes des trottoirs, sur les murs, dans les friches. Ce ne sont pas que de “mauvaises herbes”. On croise parfois des tomates, des figuiers ou bien des campanules, des fougères, parfois de belles graminées…Il faut s’inspirer de ce qui vous entoure. À quoi ressemblerait votre jardin idéal ? A un refuge, une oasis, un petit monde à lui tout seul. Il faut qu’il soit beau, mais aussi utile en ce sens qu’il doit participer à l’écosystème environnant en nourrissant et abritant insectes, oiseaux, etc.,mais aussi qu’il produise à travers l’élevage et l’agriculture, même si c’est à petite échelle. Vous vous définissez comme un plantiste rock, quel est l’impact de la musique sur votre travail ? Le rock exprime la liberté, la rébellion, l’irrévérence et parfois la violence, tout comme ces plantes qui poussent là où on ne les attend pas, qui repoussent toujours quand on les arrache, qui envahissent tous les espaces libres et qui finissent par tout dévorer. Le lierre est un bon exemple de ces plantes rebelles, indestructibles, mais aussi très utiles, comme la ronce ou l’ortie…Dans tous les cas, un bon “Starway to heaven” d’AC/DC à plein tube saura parfaitement décoiffer votre jardin! On a le sentiment que cet engouement actuel des citadins pour les plantes est une recherche d’authenticité, peut-être un retour aux sources… Qu’en pensez-vous ? Oui, je suis d’accord avec vous et je pense que c’est vital. L’urbain est comme déraciné, car il n’a plus aucun contact avec des choses aussi élémentaires que sa propre nourriture. On pourrait aussi parler de la sécurité alimentaire…c’est un vaste sujet. Il y a déjà pas mal d’initiatives. Mon équipe et moi avons déjà travaillé sur un modèle d’exploitation maraichère sur le toit d’un parking et j’espère avoir assez de temps et de ressource pour pouvoir piloter un tel projet. Je pense que cela se fera forcément, nous avons tous les outils en main, mais c’est un mouvement qui viendra de la rue, car ce n’est pas la peine d’attendre le gouvernement là-dessus… Quels sont vos autres projets pour les mois à venir ? Des terrasses, des balcons, encore et toujours. Nous n’arrêtons pas d’amener de la verdure dans Paris ! J’ai aussi en projet l’ouverture d’une nouvelle boutique dans Paris et dans le futur, une à New York et à Tokyo. J’aimerai aussi créer des lieux inédits et hors du temps autour de Paris en mixant le jardin avec d’autres secteurs d’activité comme l’hôtellerie ou la restauration. Ensuite, créer ma propre pépinière, une ligne de mobilier de jardin, organiser un festival « rock’n plantes », transformer un commissariat en poulailler…