Si Paris conserve son lot d’irréductibles, de plus en plus d’habitants migrent en banlieue. Le prix des loyers est un argument, mais pas seulement. Pour en savoir plus, nous avons interrogé Julie le Fouler, qui fait partie de ses parisiens qui ont sauté le pas et que la banlieue a conquis. Julie, pourquoi avoir quitté le 20e arrondissement pour Montreuil après 30 ans de vie parisienne ? Parce que je cherchais à acheter et que malheureusement pour moi, qui suis une véritable parisienne, je n’avais pas les moyens d’acheter un appart à Paris. Qu’as-tu trouvé à Montreuil que tu ne trouvais pas à Paris et vice versa ? Un 50m2 à moins de 200 000€ ! Juste inimaginable à Paris… Un ciné (le Méliès) à 5€ et chose que je n’aurai pas imaginé une petite « communauté ». Le contact est plus facile avec les gens. À 7h du matin ça ne m’était jamais arrivé de me taper la discussion avec les gens qui attendent le bus, alors que là régulièrement. Et c’est bizarre, mais j’ai trouvé qu’il y avait une plus grande liberté ou simplicité, la façon de s’habiller par exemple, à Paris il faut un peu avouer que c’est du copié collé. Je trouve qu’en banlieue il y a plus de brassage. Penses-tu que depuis quelques années, notamment depuis le début de la crise, le regard des parisiens sur la banlieue a changé ? Son attractivité est-elle uniquement financière ? Bien obligé… Au niveau des apparts, les prix sont tellement différents, et encore moins qu’il y a 10 ans. Mais son attractivité n’est pas seulement financière je pense qu’elle est aussi culturelle. Il y a plein de choses qui bougent en banlieue, théâtre, festivals de musiques diverses et variées, bars éphémères. Pourrait-on dire que quelque part, la banlieue est une nouvelle « place to be » ? Pantin est le nouveau Brooklyn entend-ton partout… Je crois qu’on a un peu fait le tour de Paris aussi et que ça fait du bien de voir autre chose, qu’il y ait un peu d’air frais… Le Pavillon du Dr Pierre, le Sonnenkönig, des chouettes lieux qui ont ouvert cette année en banlieue. À l’inverse, certains parisiens refusent de traverser le périph’, ne serait-ce que pour une soirée. Que leur réponds-tu ? Je leur répondrais que je les comprends ! Mais c’est comme si tu me disais qu’il y a un truc dans le 16e ça me gonflerait aussi, le bout du monde quoi… À cela que je préférais une soirée en banlieue quand même plus cool. Du moment qu’il y a un métro j’irais au bout du monde, parce que le côté banlieue « plus de RER à 23h » ça peut être assez rédhibitoire quand même. Quelles sont les idées préconçues qui peuvent subsister sur la banlieue ? Etant une fille j’entends souvent « mais comment tu fais pour rentrer le soir ? » Comme si une armée de cailleras m’attendait une fois sortie de Paris. Eh bien non, à Paris ou à Montreuil je rentre à 3 ou 4h du matin de la même façon. Pour le journaliste Vincent Glad, que nous avions interviewé, « Ce serait bien qu’à Paris, on puisse enfin mettre en place le Grand Paris pour désenclaver la ville. Le périphérique est une véritable une barrière psychologique, pour y vivre ou simplement pour sortir le soir. Quand un ami annonce qu’il fait sa crémaillère en dehors du périphérique, c’est toujours un peu la panique sur l’event Facebook. Bloqué par ses murs d’enceinte, Paris a logiquement plus de mal à évoluer par manque de place intramuros ». Le Grand Paris, une réalité possible ou une utopie ? Je pense que par la force des choses on y est déjà dans le Grand Paris puisqu’on dépasse de plus en plus le périph. New York est un bon exemple : tu vas à Manhattan, mais il ne viendrait pas à l’esprit de ne pas aller aussi à Brooklyn ou à Williamsburg. Finalement, tu es récemment revenue vivre à Paris, pourquoi ce retour aux sources ? L’amour dure 3 ans ! Je suis donc revenue vivre dans le 20e chez ma mère le temps de vendre. Et une fois que ça sera fait… Paris ou la banlieue, mon cœur balance.