Bientôt prendra fin le chantier des Halles avec la découverte du fameux Canopée dans quelques mois. L’occasion pour nous de revenir sur un projet qui a galvanisé les foules depuis son lancement. 3 ans de chantier (et deux ans de retard). C’était le temps prévu par la Mairie de Paris pour la refonte totale des Halles de Paris, 30 ans après sa création. Dans les années 70, le lieu avait connu sa première évolution avec l’arrivée du RER et le déménagement du marché des Halles à Rungis. Une ville souterraine brassant chaque jour plus de 750 000 personnes avait vu le jour sous la Capitale. Dès 2002, la mairie de Paris s’était penchée sur cet endroit devenu presque un « problème » au fil des années. Infrastructures vieillissantes, espaces trop fermés, pas assez sécurisés… Les critiques étaient à l’époque nombreuses. Quand elle lance les études, la Mairie de Paris engage une démarche de concertation publique ambitieuse. Réunions regroupant riverains, associations locales et partenaires de l’opération ; expositions publiques ; comité permanent de concertation présidé par un garant ; groupes de travail thématiques ; espace interactif dédié au projet… Pendant 8 ans, la dynamique du débat a soulevé une grande variété de problématiques qui ont nourri la réflexion du maître d’ouvrage et des concepteurs. De ces débats a fini par immerger un projet qui se veut être un nouveau poumon au sein de la capitale avec « Un nouveau jardin, convivial ; un quartier piéton étendu ; un nouvel édifice inspiré de la nature – La Canopée – qui reliera la ville du dessus à la ville du dessous ; des cheminements simplifiés et plus confortables ; une gare RER plus vaste et plus fonctionnelle ; un centre commercial plus lumineux et moderne ; une voirie souterraine réorganisée. » Le but étant de réhabiliter tout un quartier, autour des notions d’espace, de flexibilité et d’ouverture. C’est l’équipe SEURA dirigée par David Mangin qui est choisie pour créer le nouveau visage des Halles : « Du Louvre à la Place des Vosges, des Grands Boulevards à la Seine, de la salle d’échanges du RER au plus grand jardin possible… Les Halles, dans l’enchaînement des grands espaces publics parisiens et métropolitains. » Mais derrière ces beaux discours, que penser de ce projet ? Comment va-t-il changer la vie des usagers et des habitants ? Selon le journal Le Parisien, certains riverains s’inquiètent déjà de l’allure que prend cette canopée, assimilée à «une soucoupe volante». Et l’association de riverains Accomplir craint «une luminosité réduite dans les niveaux inférieurs du Forum». « Impressionnant! » C’est le mot qui revient le plus souvent sur la plate-forme d’observation du chantier des Halles, où Parisiens et curieux de passage viennent contempler l’immense Canopé, selon le JDD. Spanky Few a rencontré Claire Chaperon, une habitante du quartier : « Il me semble que le projet va dans le bon sens puisqu’il aère et redynamise (un peu) une zone qui devenait assez glauque… Il donne l’impression d’aérer la zone avec plus d’espaces verts – des bâtiments ouverts avec pas mal de transparence – des jardins plus aérés – bien conçus pour les enfants – moins zone à petits deals comme avant. Tout ça, c’est agréable pour les enfants, donc pour les parents, donc bien pratique pour les familles. Et vu que le quartier n’est pas vraiment baby friendly, c’est appréciable. Après, je trouve dommage qu’on soit encore loin de l’aspect primaire des « halles’ avec des petits commerces, un véritable marché et tout et tout … grosso modo, on reste sur un gros centre commercial. Un autre détail bête, mais assez sympa : ils sont assez bons car ils expliquent bien les avancées des travaux aux résidents et toutes leurs idées de petites expos autour des travaux ainsi que la possibilité de visiter le chantier sont tops. » Claire Chaperon soulève un détail intéressant : aurait-on pu se passer d’un centre commercial de grande envergure et rendre aux Halles leur visage originel ? Difficile à dire… Rappelons par ailleurs que le coût global des opérations est passé de 802 M€ HT à 918 M€ HT, soit une augmentation de 14 %, depuis janvier 2009. Mais pour Jean-Louis Missika, adjoint d’Anne Hidalgo en charge de l’Architecture et de l’Urbanisme : « La querelle sur le calendrier et le coût sont de fausses polémiques. Le plus important, la rénovation complète du pôle transports et des voiries souterraines, ou encore la création des nouveaux équipements publics, sera terminé mi-2016, comme prévu. Et pour les riverains, toute gène aura disparu fin 2015. Regardez la tour Eiffel ou Beaubourg. Un objet de la dimension et de la force de la Canopée a forcément besoin de temps pour trouver sa place dans la ville. » Et on a envie d’y croire ! Sources : Le Parisien, Le Figaro, Le JDD, site de la Mairie de Paris.