Notre dernier coup de coeur photo s’appelle Guillaume Rio. Pourquoi on l’apprécie ? Parce qu’il nous donne le vertige avec ses photographies architecturales très grand angle. Rencontre avec un talent à suivre. Bonjour Guillaume, peux-tu nous parler de ton parcours ? Lorientais (Bretagne) d’origine, passionné de philo et de littérature, ayant perdu le fil des études, ma mère m’a dit « Fais du commerce mon fils ! « . Au final diplômé d’un master de distribution j’ai travaillé quelques années dans la grande distribution pour finalement faire de la prospective dans les technology trends (www.echangeur.fr). Pourquoi t’être dirigée vers la photographie ? La passion de la photo est arrivée par l’intermédiaire de ma meilleure amie . Au fil de nos voyages en commun, je prenais de plus en plus son appareil voire me l’accaparait ! Trouvant mon œil quelque peu aiguisé et voulant être moins dérangée, elle m’a offert mon premier appareil lors de mes 30 ans. Depuis 10 ans même si ce n’est plus le même, il ne me quitte plus lors de mes diverses pérégrinations urbaines. On voit dans tes photographies ta passion pour le design, l’architecture… D’où vient-elle ? Ma passion « originelle » est la lecture, en particulier les auteurs russes (Dostoievski…), contemporains (Jauffret…) et la science-fiction. Je pense que tous ces différents univers et réflexions ont développé mon imaginaire, et j’ai trouvé en la photo le meilleur moyen de les retranscrire. Le design, l’architecture par leurs formes, leurs vides, leurs couleurs m’interpellent ! Pour moi c’est tout l’univers urbain contemporain avec tout ce qui l’a de triste, angoissant (sentiment houelbecquien avec ces gens seuls au milieu du grand), ces avancés technologiques (design, buildings), ces moments de ‘fun’ (formes, couleurs) et enfin ce vertige (escaliers, hauteurs) qui travaille mon mantra ! On a le sentiment qu’au-delà de l’architecture, tu cherches à capter une atmosphère, des couleurs particulières. Est-ce aussi important qu’un bâtiment ou un objet ? Explorer la matrice urbaine, apprécier la couleur, le graphisme, les formes, les symétries, les atmosphères… soit visualiser, retranscrire ces perceptions. Tel est mon leitmotiv ! Observer, regarder de toute part, modifier mon allure, me plier en quatre, m’allonger, sentir mon rythme cardiaque s’emballer et enfin m’imprégner de la ville tel est mon état de transe photographique ! Ce vertige m’intrigue et je suis en perpétuelle recherche de cette perte de sens ! D’ailleurs le nom Vertigooo n’est pas innocent ! On voit aussi de la poésie dans tes photos, comme dans la série AloneS# où tu sembles raconter une histoire… Qu’en penses-tu ? Comme évoqué précédemment c’est ce sentiment ou spleen « houelbecquien » qui m’a inspiré cette série ou la genèse est l’apparition de l’idée que le bonheur et le développement de la société de consommation ont fait émerger un sentiment de frustration sans fin. La libéralisation des mœurs, l’urbanisation ont fini de tout dissoudre, laissant l’homme seul face à lui-même. D’où ces gens seuls au milieu du « grand » soit la ville. Pourquoi choisir le format très grand-angle pour tes photos ? J’ai deux de mes séries intitulées VertigO et EnteR ThE Void qui traitent évidemment du vertige que peut procurer la ville. Pour renforcer cette force centrifuge j’ai utilisé un 8mn qui donne une toute autre dimension à ces lieux. Mais au delà du vertige procuré c’est aussi une histoire de formes , de couleurs, de courbes et d’angles ! Chacune de ces photos impacte par leur puissance, procurée par le très grand angle. Quelle est la série idéale pour découvrir ton travail ? Au-delà de VertigO et EnteR ThE Void, je dirais Temple of knowledge ! Quel lieu rêverais-tu de photographier ? Si il y’en a un seul ! Le Musée d’art de Milwaukee pour son côté épuré ! Peux-tu nous en dire plus sur tes projets futurs ? Faire une série autour de différents lieux urbains de nuit ou l’humain est de passage, soit une continuité de ma série Through the night.