Si le rock était une photographie, il serait une de celles de Muriel Delepont. Celle-ci pratique son art, auréolée d’une lumière sombre et mystérieuse, qui donne une image méconnue des grands du rock. Rencontre. Bonjour Muriel, pouvez-vous nous parler de votre parcours ? J’ai rencontré Nick Cave, après un concert, avec déjà la ferme intention de le photographier. Il a été l’élément déclencheur. Quand vous commencez par ce genre d’icônes, vous vous rendez compte très rapidement qu’il contient une grosse partie de l’histoire du rock, ce qui facilite le travail. La photographie a-t-elle toujours été une passion pour vous ? À l’origine, c’est le cinéma expressionniste allemand et les pictorialistes en photographie qui font vivre en moi la nécessité de m’exprimer à travers ce médium. Qu’est-ce qui vous attire dans cette discipline ? Je cherche à descendre le plus profondément en l’être et a remonter avec des poignées de matière, comme le font les mineurs, et à la rendre sous forme de lumière et de chaleur. Le but est de mettre le feu, à l’intérieur même de mon modèle. L’univers du rock est adéquat pour cela. Quelle est la personnalité que vous avez préféré photographier ? Et quelle est celle qui a été le plus grand défi ? J’ai beaucoup aimé travailler avec Robert Wyatt, disponible, humble et généreux. Et aussi P.J. Harvey car quand j’ai commencé il n’y avait peu de femmes encore dans ce milieu. Le plus grand défi. Sans hésité, la prochaine séance. Philippe Manœuvre a dit de vous que vous étiez en recherche permanente du noir, du sombre. Pourquoi cette recherche ? Une certaine recherche de la lumière et de son antinomie, l’ombre. Pensez-vous qu’au même titre que l’écriture, la photographie puisse être un exutoire, une forme de psychothérapie peut-être, pour le photographe et pour le modèle ? C’est évident, la question ne se pose même pas. Je suis photographe, sans possibilité de choisir. Tourte forme d’expression est un remède à la maladie. Parfois, comme chez Artaud, les deux s’entremêlent sans qu’une prenne le dessus. Parlez-nous du projet Organic Vision of Sound, comment est-il né ? Au départ, Organic Vision Of photography était une exposition itinérante avec une soixantaine de photographies issues de l’univers underground musical. Cette exposition a été présentée pendant une dizaine d’années. C’est de là qu’à vu jour ce projet d’édition avec les éditions Trouble-fête. En digital, les applications de photographie se multiplient et on a le sentiment que la photo traditionnelle se perd. Qu’en pensez-vous ? Dans ce contexte, quel est l’avenir de la photographie ? Sujet trop complexe pour m’exprimer en quelques phrases.. Mais pour synthétiser, la photographie numérique a rendu ses lettres de noblesse à la photographie argentique. Enfin, quels sont vos projets à venir ? Je suis au montage de mon film sur le photographe Rémi Vinet, à la réalisation de mon prochain livre et de ma prochaine exposition… Ni éditeur ni lieu défini.