Se promener sur le web est parfois synonyme de belles découvertes. C’est le cas avec l’Oeil du Pigeon, le site de l’illustrateur et architecte Patrice Rambaud. Celui-ci croque la vie et l’architecture parisienne à travers des dessins à la fois réalistes et poétiques. Rencontre avec un amoureux de la ville. Boulevard Saint-Martin Bonjour Patrice, pouvez-vous nous parler de votre parcours ? Oui ! J’ai trainé dans les études avec une licence d’arts plastiques puis une formation en architecture, toujours sur Paris/banlieue. A la fin de mes études, j’ai décidé de me mettre à l’illustration et d’essayer de mêler les deux disciplines, ce à quoi le croquis urbain correspond finalement bien ! L’illustration a-t-elle toujours été une passion pour vous ? J’ai toujours apprécié prendre un stylo et dessiner pour gribouiller, faire des petites illustrations, mini bd… mais avec des études d’archi, le recours à l’ordi a supplanté le crayon, ce qui m’a donné envie de m’y remettre. Le dessin institue un autre rythme dans l’observation et la représentation de l’espace. Comment vous est venue l’envie de dessiner Paris ? C’est plutôt parti d’une envie de croquer régulièrement, et finalement Paris s’y prête assez bien, à attendre le métro, s’assoir en terrasse, attendre un rdv. L’accumulation de tous les croquis a fait qu’au bout d’un moment, j’avais dessiné une bonne partie du 20°arrondissement où j’habite. Et l’envie de faire de même avec les autres quartiers s’est concrétisée. Qu’est-ce qui vous inspire dans la ville ? Le bâti et sa densité de population ! Ça crée des ambiances très variées d’un quartier à un autre, et moins c’est aseptisé, plus c’est vivant. Je préfère laisser le côté musée de Paris aux guides et représenter des bâtiments plus banals ou des anecdotes quotidiennes qui, une fois dessinées, permettent de s’identifier mieux au quartier lors de la balade. Quel arrondissement avez-vous préféré dessiner ? Et quel est celui qui vous a le moins inspiré ? J’ai beaucoup aimé les arrondissements périphériques que je connais moins et qui par leur étendue sont beaucoup plus variés dans leur architecture et continuent d’évoluer (comme le 13°, 18°…). Les quartiers historiques sont finalement moins évidents : va expliquer que tu as préféré dessiner une vieille trappe de cave aux dépens d’un dessin de la place des Vosges… Tous les coins inspirent pour croquer, c’est juste que cette histoire de petits bouquins est assez contraignante dans le choix des points de vue ! Strasbourg Saint-Denis Pensez-vous que les illustrations et l’art en général soient un bon moyen de découvrir et de connaître une ville ? Lors d’un voyage par exemple je trouve le dessin plus intéressant, il oblige à s’arrêter, à rester en position d’observateur un instant, et c’est un bon médium pour rentrer en contact avec les gens, sans forcement papoter. Aussi efficace que de se poser à un café et écouter les conversations, regarder les gens passer… Ce n’est pas tant l’art qui permet de connaître une ville, mais les moyens qu’on se donne pour prendre le temps de l’observer. Le dessin en est un. Qu’est ce que Paris a en plus ? Peut-on parler d’une atmosphère particulière ? Beaucoup de monde dans des lieux relativement étriqués ! Si ça a tendance à développer l’agressivité qui déçoit un peu dans cette ville, ça rend les lieux très vivants. Et l’histoire architecturale donne aussi un cachet aux paysages urbains parisiens. Aimeriez-vous dessiner une autre ville que Paris ? Oui je le fais dès que j’en ai la possibilité. Dans le cadre des livres l’Oeil du Pigeon, je compte faire un peu de banlieue puis d’autres villes comme Marseille ou Bruxelles par exemple. Il faut aller y vivre un chouia, quoi. Vous éditez un recueil de croquis par arrondissement parisien, quand aura-t-on la chance de découvrir les derniers arrondissements ? 4 autres arrondissements viennent de paraître, le but étant de financer les prochains avec les recettes des précédents ! Je suis parti d’une collecte sur kisskissbankbank et pour l’instant j’ai pu poursuivre grâce aux librairies. Ce serait chouette de terminer Paris d’ici la fin de l’année. Tant qu’il y a du beau temps pour dessiner… Lorsque vous aurez croqué la ville dans son intégralité, quels seront vos projets ? Et bien passer à d’autres villes, mais aussi faire des petits recueils plus thématiques : la petite ceinture, le périph, les tours… Je ne sais pas encore, il y a tout à dessiner mieux vaut ne pas trop y penser ! Rue de la Glacière