Transdisciplinarité. C’est le mot d’ordre de Park in Progress, programme des Pépinières Européennes pour Jeunes Artistes conçu par Patrice Bonnaffé. Rencontre avec cet acteur de l’art au sens large.

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Bonjour Patrice, pouvez-vous nous expliquer le concept de Park in Progress et sa place au sein des Pépinières Européennes pour Jeunes Artistes ?

Park in Progress est un programme européen de mobilité artistique qui se déplace dans plusieurs pays européens. Itinérant, Il vise à faire émerger une communauté d’artistes et de professionnels de la création capable de travailler ensemble à la production d’œuvres transdisciplinaires.

Pourquoi avoir créé Park in progress ? Est-ce actuellement le seul moyen de réunir des artistes européens autour d’un même événement pluridisciplinaire ?

Park in Progress a été créé pour répondre à la demande d’une jeune génération d’artistes attentifs à l’autre et curieux d’expériences transdisciplinaires. Park in Progress est actuellement la proposition la  plus pertinente pour répondre à cette jeune  génération. Ce programme permet aux artistes d’imaginer des projets et de les mettre en œuvre dans la rencontre sur le long terme. Park in Progress est un programme pluriannuel d’une durée de 5 ans.

Quel est l’intérêt de réunir dans un même espace des artistes d’horizons différents ? Pensez-vous que les différentes disciplines puissent se nourrir entre elles ? Ne peuvent-elles pas au contraire se parasiter ?

Park in Progress est le résultat de nombreux échanges menés avec les artistes au cours des précédents programmes comme Map, Artists in Context, Hito ou M4m. Park in Progress est une synthèse des expériences précédentes et une projection dans l’avenir qui tente de répondre à l’attente des artistes, à leur désir d’explorer de nouveaux échanges et de partager de nouvelles expériences de création dans le risque de l’autre. Nous ne parlons pas de pluridisciplinarité aux Pépinières, mais de transdisciplinarité au sens ou l’entend Piaget. Cette notion dépasse très largement le domaine de l’art. Elle concerne l’ensemble des processus de création. Il ne s’agit pas d’additionner, de juxtaposer ou de superposer les champs d’activités, mais plutôt de les traverser avec le désir de découvrir l’autre dans sa différence et de se nourrir de cette altérité.

Aimeriez-vous exporter le concept de Park in progress hors des frontières européennes ?

Park in Progress, comme les autres programmes des Pépinières a pour vocation de poursuivre un parcours audelà des frontières de l’Europe. Les précédentes éditions de Park in Progress avaient ouvert des portes vers le continent asiatique, les prochaines espèrent s’ouvrir au bassin méditerranéen. Des projets, des productions réalisées dans le cadre de précédent Park in Progress sont aujourd’hui diffusés au Japon, à Macao, à Taiwan et aussi sur le continent américain.

Julia Hadi

Julia Hadi

Quel est votre artiste coup de cœur pour cette édition ?

Comme on peut le comprendre, l’objectif de Park in Progress est de solliciter et de favoriser les coproductions entre artistes de différentes cultures. Le coup de cœur, qui se porte sur les propositions partagées, est permanent car sur chaque Park in Progress de nouveaux profils s’investissent, émergent, se développent pour nous surprendre et nous toucher.

Le 18 décembre prochain, les artistes de Park in progress rencontreront de jeunes artistes de la Plaine Saint-Denis à Montreuil. Pourquoi un tel évènement et pourquoi avoir choisi Montreuil comme point de rencontre ?

Les Pépinières sont présentes dans 32 pays avec près de 300 lieux de création partenaires dont certains très éloignés des espaces habituels de la création contemporaine. Les Pépinières sont présentes en Seine Saint-Denis et à Montreuil sur l’invitation du Conseil Général. La Seine Saint-Denis et Montreuil représentent des territoires riches avec de nombreuses associations et organisations qui développent des projets artistiques ou culturels et qui représentent de formidables opportunités pour les artistes de la relation à l’autre à la recherche de rencontres enrichissantes pour de possibles projets à partager.

Des artistes hip-hop qui rencontrent un joueur de flûte ou une harpiste, ce n’est pas courant. Qu’attendez-vous de cet événement ?

La danse et la musique n’ont jamais été éloignées l’une de l’autre, tout comme l’auteur et l’interprète travaillent ensemble. Le désir de partager un projet, de découvrir de nouveaux sons et peut-être de nouveaux mouvements est au cœur des projets des Pépinières et me semble tout à fait actuel.

Pensez-vous que l’art en général puisse être un élément rassembleur ?

La création artistique est un formidable vecteur universel d’échange et de rencontre. Nous le savons depuis que les premiers hommes ont sculpté un os pour en faire une flûte.

Avez-vous une anecdote à nous raconter à propos de Park in progress ?

Plusieurs artistes venus de différents pays et de différents champs d’expression se sont rencontrés à Park in Progress. De leur rencontre sont nés différentes formes d’associations, de collectifs. Mauro Paccagnella m’apprend aujourd’hui que sa compagnie, The Wooshing Machine, créée à l’occasion d’un Park in Progress en 2007, part en tournée en Chine où ils vont présenter une séquence inédite dans leur travail à des milliers de personnes.

Quels sont vos projets pour le futur ?

Les Pépinières vont produire et élaborer de nouveaux programmes, avec de nouveaux partenaires, pour offrir de nouvelles propositions aux artistes de la relation à l’autre et du contexte. Un travail va également être mené pour développer la communauté interactive e-mobility (un site communautaire dédié aux artistes) et notamment dans l’optimisation de sa «matching box » pour promouvoir et rendre plus accessible la mobilité des artistes et des professionnels de la création.

*Un workshop dans le cadre du programme Park in Progress aura lieu le 18 décembre 2013 dans les anciens Ateliers Méliès – La Maison de l’arbre à Montreuil.

A propos de l'auteur

Créatrice de Spanky Few