Anaïs Lerma alias « Anaïs la bonde » a créé avec sa comparse « Anaïs la brune » le site Parisianavores, qui recense tous les restos parisiens à moins de 15 euros. Rencontre avec une pile électrique mordue de food et d’innovation. Anaïs Lerma Bonjour Anaïs, tu travailles dans la communication et tu es également l’une des créatrices de Parisianavores. Quel est ton parcours ? DUT Techniques de Commercialisation, master Management et nouvelles technologies puis Mastère spé en Marketing Direct et Commerce électronique, comme beaucoup, mon parcours s’est construit pas à pas, au fil de mes expériences bonnes et mauvaises et des opportunités créées ou offertes. Un stage en webagency, un autre en plateforme d’affiliation, deux blogs et un an d’alternance en tant qu’assistante webmarketing plus tard, je me retrouve en CDI chez le concurrent, on n’est jamais aussi bien servie qu’en étant dissidente. Aujourd’hui, de nombreux projets me bottent et j’ai donc décidé de faire un pied de nez au dictat de notre chère société qui place le couple CDI-Cadre comme synonymes de réussite et bonheur. Non la stabilité et le confort ne sont pas le rêve de tous alors je signe aujourd’hui pour une vie moins confortable, mais plus excitante. Tu collabores aussi avec nos amies de Beyond Croissant. La cuisine a-t-elle toujours été une passion pour toi ? Je dirais que ma passion se situe plutôt de l’autre côté de la cuisine pour moi, dans l’assiette. Gourmande depuis toujours, je fais partie des gens qui changent de trottoir pour passer devant les boulangeries embaumantes. Beyond Croissant tient, pour moi, plus aux notions de rencontres, de partage et de voyages avant l’aspect culinaire. Et les voyages, c’est ma passion et c’est aussi ce qui a le plus dessiné mon parcours. Je m’étais invitée chez Aurel dès que j’ai eu vent de Beyond Croissant, en me disant, ça c’est une merveilleuse idée, une idée que j’aurais aimé avoir ! As-tu déjà pensé ouvrir un restaurant ? Oui, à peu près deux fois par semaine. Un resto ou comme toutes les filles, un salon de thé… Mais soyons sérieuses, je pourrai certainement faire la goûteuse, mais il faudrait que je m’accompagne d’une cuisto… Peux-tu nous expliquer le concept de Parisianavores ? Répondre à la simple question : « Peut-on encore bien manger pour moins de 15€ à Paris ». Pourquoi avoir créé ce site ? Une ancienne collègue me demandait souvent des bons plans restos pour telle ou telle occasion. Très souvent. Puis on parcourait les blogs, les sites d’avis. Un tas de sites existent aujourd’hui pour avoir une idée de ce que l’on va manger. Mais les blogs éditoriaux manquaient de photos, parfois les prix n’étaient pas stipulés. Alors que, dis moi si je me trompe, mais en premier lieu, on a envie de voir la tronche des plats et avoir une idée de la douloureuse, non ? Bref, pour choisir un resto, je faisais un tour sur Foodreporter puis sur Tripadvisor, puis Yelp puis des blogs. Pas pour tous les restos, je ne suis pas complètement folle. Évidemment, les avis sur notre blog sont subjectifs, mais n’est-ce pas la définition d’un avis ? Au-delà des articles, je commence, grâce aux restos testés et leurs critiques, à dessiner des catégories de mangeurs citadins aux envies et motivations bien différentes et à être de plus en plus critique. Aimerais-tu créer des versions pour les grandes villes de province voir d’Europe ? Nous étions deux à écrire au départ, quelques plumes nous ont rejoints pour écrire quand elles le peuvent. Je pense que lors d’un voyage, je pourrais écrire sur les bons plans restos de la ville, mais loin de moi l’idée de créer une multinationale avec ce blog. À moins de trouver des gens motivés dans d’autres villes… À bon entendeur ! En matière de resto, quels sont tes trois coups de cœur parisiens ? Dure dure la question, vraiment ! Au-delà du resto, sa déco, sa cuisine, son ambiance, le quartier est pour moi un critère important. Même si un resto est top, j’ai beaucoup moins envie de m’y rendre s’il se trouve dans un quartier peu sexy. Pour ce point, et comme je déteste le silence du dimanche, je préconise le quartier chinois de Paris, on y mange non stop le dimanche et un peu de vie, ça fait du bien. Je vous conseille une institution le Lao lane xang, resto laotien bien connu à Paris. Alors on n’hésite pas à se lever tard pour ne pas faire le piquet à 12H30. Ma reco ? Poulet aux noix de cajou et les haricots rouges au durian et coco pour le dessert. Entre 7 et 10€ le plat. Face au succès de son resto, la famille a ouvert le Lao Lane Xang 2 plus contemporain, mais je préfère l’aspect bouiboui du Lao Lane Xang. Second bon plan, dans le quartier impitoyablement cher du magasin qui porte le moins bien son nom : Le Bon Marché ! Tu parles… Au détour de sandwicheries médiocres et brasseries décevantes, on trouve Mamie Gâteaux. Je n’ai pas encore écrit de critiques sur ce resto mais ça arrive. Mamie Gâteaux, c’est un petit resto et une boutique-brocante attenante. On y mange des tartes, des vraies tartes, paroles de Kluger-addict. Pâte qui croustille et qui sent le beurre… Miam. Et en dessert, des tartes et gâteaux de mamies. Mais aussi des scones pour le goûter ! La part de tarte et sa salade environ 9 euros, dans ce quartier, c’est inédit ! Le troisième, c’est une découverte récente, Le Village Epicerie fine, cet endroit réunit pour moi tous les ingrédients d’une expérience optimale. Un quartier vivant, un accueil et service chaleureux et sincèrement sympathique, une carte courte, mais recherchée, une déco tout en couleurs et LE plus : l’excellente sélection épicerie fine dénichée par le gérant Eric. Poulet au safran et cheesecake au top, à lire sur Parisianavores On a le sentiment que la thématique food est de plus en plus présente sur le web avec la « porn food » notamment. Qu’en penses-tu ? Je pense que les repas ont toujours tenu une place importante dans la société française. Au-delà de l’art de bien manger à la française, le repas représente un acte social fondamental dans les foyers. C’est d’ailleurs le moment privilégié pour échanger en famille, entre amis… Sans faire de sociologie de comptoir, je pense qu’il y a 10 ans on s’extasiait devant le couple inespéré micro-ondes / plat Picard, et on parlait de la tendance du snacking comme d’une révolution. Aujourd’hui, les émissions culinaires par et pour des particuliers ont montré que tout un chacun peut faire le Chef pour un repas ou pour une vie. D’autre part, les consommateurs sont de plus en plus méfiants face à l’information croissante, les produits à base d’huile de palme, ou lasagnes à base de cheval… et préfèrent faire. Enfin, je ne saurais expliquer pourquoi, mais je placerai en parallèle du phénomène de la cuisine, le développement du « fait-main », les loisirs créatifs, mais aussi le désir de créer. Ces deux phénomènes ont pour moi des causes semblables, le souhait de créer, de partager un bon moment de création, et d’avoir un objet personnalisé que ce soit un gâteau ou un bijou. Pour certains, la crise incite les gens à se tourner vers des valeurs sûres comme la cuisine. Qu’en penses-tu ? Certainement, c’est un loisir peu onéreux même gratuit dans la mesure où d’une pierre deux coups, on se divertit et on mange pour le même prix ! Quels sont les événements food qu’il ne faudra pas rater en 2013 ? Le premier a eu lieu en janvier, le SIRHA, rendez-vous mondial de la restauration et de l’hôtellerie. Je ne m’y suis pas rendue, mais c’est l’événement majeur du secteur. Les visiteurs ont eu le plaisir de voir la France se hisser à la première place du concours du Bocuse d’Or et remporter la Coupe du Monde de la Pâtisserie. Dans un tout autre registre, je suis curieuse de voir arriver un Burger King à Paris pour enfin répondre à mon interrogation, est-ce seulement la rareté qui fait briller les yeux des français à la simple prononciation du mot « Whopper » ou préféreront-ils vraiment Burger King à McDo une fois qu’ils pourront y aller tous les jours. Enfin, les tendances à suivre : – les box culinaires, de plus en plus nombreuses, Hello Fresh vient d’annoncer une « pause », vont-elles fermer ? S’aspirer ? Ou trouver chacune une niche de marché ? – les restos éphémères. Que ce soit pour des événements (un restaurant éphémère ouvre à l’Arc pour la Fashion Week à Paris) ou pour y mettre des anciens candidats d’émissions culinaires (restaurant éphémère des candidats Top Chef), de nombreuses initiatives sont en train d’éclore. Peut-on imaginer des restos destinés exclusivement à des initiatives éphémères ? – Les Foodtrucks : Non, mais oh, il y en a eu un, puis deux, puis dix, Deux Filles Un Camion permet même d’appeler les filles pour leur demander de se placer en bas de vos bureaux. Ou le phénomène s’arrêtera-t-il ? – En 2013, le repas est «fait-maison» et «pour-partager». La mort du plat industriel pour célibataire ? On espère ! Ca me donne envie de faire l’itinéraire d’un repas version 2013 On commande ses produits à La Ruche Qui dit Oui, car on aime savoir d’où proviennent nos produits et si ça vient de petits producteurs, c’est encore mieux ou on opte pour une box culinaire telle que la Foodizbox ou Cookintheworld pour préparer notre repas. On s’inscrit sur Beyond Croissant pour recevoir des FoodFellows du monde entier et pour pouvoir s’acheter de bons produits (les invités paieront un défraiement pour les courses), ils n’ont pas tout mangé ? Halte au gaspillage, on passe notre annonce pour les 2 parts de poulet tikka restantes sur Super-Marmite . Et ne jetez pas vos épluchures, et fruits et légumes rebuts, vous n’imaginez même pas ce que le collectif Disco Soup peut en faire Ce qui m’amène à la dernière tendance 2013 qui est selon moi plutôt une prise de conscience qui modifiera, inch’allah, notre manière de consommer, l’anti-gaspillage. Avec des initiatives comme Super-marmite, DiscoSoup mais aussi la première boulangerie où vous pouvez acheter du pain de la veille à prix cassés, certains risquent de surfer sur la vague anti-gaspillage. Enfin, Si vous avez un bon plan resto, ne le gardez pas pour vous ! Envoyez-le-nous !