Anything Maria, un nom qu’on avait entendu plusieurs fois sans vraiment se pencher sur le sujet… À tort ! En effet, Anything Maria alias Sophie G se révèle être un projet qui happe, entre rock mystérieux et électro épuré. Rencontre avec une héroïne hitchcockienne, qui vogue de Yuksek à Nan Goldin, de Paris à Berlin. Anything Maria par Samuel Guiges Bonjour Sophie, peux-tu nous parler de ton parcours ? Il paraît que tu as vécu à Berlin. Le fait de vivre dans une ville où la musique alternative a une grande place, a-t-il eu une influence sur toi ? Définitivement oui. Quoique je qualifierais plutôt cela de musique « audacieuse » ou « qui va de l’avant ». Pour moi une scène musicale est à l’image de la société qui l’abrite. C’est en ce sens que Berlin m’a définitivement inspirée : il s’y dégage une énergie incroyable et positive, qui donne la sensation d’aller de l’avant, de tout point de vue. Une des choses les plus marquantes est ma rencontre avec l’équipe du Festival Club Transmediale, qui a une vision absolument géniale & innovante du clubbing, de la musique électronique et plus généralement des arts « média » et de la culture digitale. En fait j’ai tellement été fascinée par cette ville, sa musique, des années 50 à aujourd’hui, l’effervescence générale qui s’en dégage (même en janvier lorsqu’il fait -30° !) que j’en ai fait l’objet de mon mémoire. Faire de la musique a toujours été une évidence pour toi ? Quels artistes t’ont influencée ? Toujours non, j’étais toute jeune adolescente, mais je me souviens parfaitement de ce jour ou elle s’est imposée à moi, c’était puissant, violent. De nombreux artistes m’ont influencé, beaucoup de Tamla Motown et de Stax dans mon enfance, du Dionne Warwick, Nina Simone, The Supremes… mais l’une de mes toutes premières révélations fut une vidéo de Janis Joplin (This Is Tom Jones 1969) interprétant ‘Little Girl Blue’ qui m’a complètement bouleversée. Par la suite mes influences se font forgées au gré de mes voyages et de mes rencontres. Avec qui rêverais-tu de collaborer aussi bien dans la production que pour le songwriting ? En vérité j’adore mon équipe de travail telle qu’elle est aujourd’hui, je travaille en studio avec Henry Blanc Francard, nous faisons intervenir d’autres (excellents) musiciens si nécessaire, et il y a vraiment un super feeling entre nous – ce qui est rare, et donc, précieux – et si aujourd’hui je rêve de travailler avec des artistes ils seront plutôt metteurs en scène, cinéastes, photographes, designers, chorégraphes, etc. Evidemment il y a des producteurs que j’admire Pharell Williams, Danger Mouse, Beck, Damon Albarn. David Bowie ? Prince ? Nicolas Jaar, Jamie XX ou James Blake. Il y a aussi ce type très talentueux avec qui j’ai sympathisé, Chris Coady. Pour la scène française de Cassius à Air ou encore Mirwais. Des feat avec Angel Haze ou Zebra Katz ça me va aussi ! Tu viens de sortir le single T.I.N.A.P l’acronyme de This Is Not A Pipe. Tu nous expliques ? T.I.N.A.P parle des faux-semblants, d’une histoire d’amour se termine, de la recherche d’un « Home », de la perte de repères. T.I.N.A.P est aussi un hymne à la ville, à ses flux et reflux incessants qui viennent apaiser une certaine solitude. On a l’impression que le visuel, le style ont beaucoup d’importance pour toi. C’est quelque chose que tu travailles particulièrement ? En grande admiratrice (autant que détentrice) du grand Andy Warhol, j’ai toujours accordé une place primordiale à l’aspect visuel: il n’y a rien de plus immédiat qu’une image. “I never read i just look at pictures”, tellement vraie cette phrase. On a également le sentiment qu’il y a une espèce de mystère autour de toi. C’est quelque chose qu’on t’a déjà dit ? Qu’en penses-tu ? Eh bien oui il paraît… Très sincèrement je ne saurais vous dire à quoi cela est dû… suspens ! Anything Maria par Samuel Guiges Tu fais des lives et des dj set. Est-ce complémentaire pour toi ? Es-tu plus à l’aise avec en live ou en dj set ? C’est exact, j’ai commencé par le live et je me considère avant tout comme une chanteuse. Mais le DJ Set s’est imposé tôt à moi comme une évidence. Je n’ai jamais voulu en faire une carrière, mais il s’est avéré complémentaire de ma formule live. En tant qu’artiste interprète, rien pour moi ne pourra remplacer l’intensité d’un live. Cependant avec ma nouvelle formule, ce sont précisément les dernières barrières entre le live et le DJ SET que j’essaie de rompre. AM Live présente la version originale de mes titres en concert tandis que The Bad Miss Show qui est la version Club est un live aussi, mais qui présente une version remixée et débridée de ces titres. Dans les deux formules, on retrouve les mêmes instruments ou presque. Le live justement, dans quelle mesure est-ce important pour toi à une époque où les ventes de disques dégringolent ? Pour moi l’importance du live est absolument indépendante du contexte actuel. Je ne soigne pas mon live parce que l’industrie du disque est gangrénée, je soigne mon live parce que c’est sur scène pour moi que tout se joue, c’est là que mon univers prend vie, que le véritable enjeu se joue : le face à face/l’osmose avec le public. Aussi important que l’est le passage d’un scénario au tournage d’un film ou plutôt, d’un texte de théâtre au jour de sa représentation. L’un n’a pas de sens sans l’autre, de même que l’un est AUSSI important que l’autre, même à une époque où l’on ne vend plus de disque, je tiens à soigner autant mes productions que leur interprétation. Quels sont tes projets ? D’autres singles ? Un album ? Oui tout cela… Et bien d’autres choses encore ! Le mot de la fin ? ANYTHING IS POSSIBLE