Nardjisse Ben Mebarek est à la tête de l’agence de communication Red Stilettos et du blog Mots de mode. Passionnée de mode, Nardjisse collabore régulièrement avec les grands noms du métier. Pour nous, elle revient sur son parcours, sur sa vision de la mode et sur ses projets. Nardjisse Ben Mebarek par Hélène Giansily Bonjour Nardjisse, pouvez-vous nous parler de votre parcours ? J’ai créé mon agence de communication il y a 3 ans. Auparavant, j’étais Responsable Marketing pour une marque de luxe pour homme et un grand magasin, et chef de rubrique d’un magazine en ligne. La mode et le luxe sont mes fils conducteurs ! D’où vous vient cette passion de la mode et ce style inimitable ? Pour être honnête, je l’ignore. Ma famille ne m’a pas influencée… J’ai toujours admiré cet univers – je collectionnais les couvertures de magazines quand j’étais ado – et j’y ai effectué tous mes stages et vécu toutes mes expériences professionnelles, même quand il s’agissait d’un job d’étudiant, ce qui m’a confortée dans l’idée que c’était la mode, le luxe et rien d’autre. Je ne crois pas avoir un style inimitable. J’ai mis du temps à me trouver, et à trouver mon style. En fait, j’ai surtout mis du temps à comprendre que le style qui nous va, ce n’est pas celui des look books ou des magazines, c’est celui qui illustre la façon dont vous vous appropriez le vêtement. Qu’est ce qui vous a donné envie de lancer votre agence Red Stilettos et quel en est le concept ? J’avais envie d’une expérience solo, d’exprimer mon point de vue, d’être mon propre boss. Je crois que j’étais un peu inconsciente en fait !!! Bosser à son compte c’est plein de satisfactions, mais c’est aussi très dur : on ne peut compter que sur soi, il faut se battre pour signer ses contrats, pour se faire payer, pour se faire respecter. J’ai beaucoup appris en à peine 3 ans. Et j’ai rencontré plein de gens formidables et motivants. Red Stilettos accompagne les marques et les agences sur leurs stratégies de communication et leurs dispositifs d’influence. Uniquement des sujets mode, beauté, luxe ou art de vivre. C’est là qu’est mon expertise. Je développe depuis un an un réseau d’influenceurs de tous horizons (blogeurs, journalistes, directeurs artistiques, créatifs, photographes) que je sollicite selon les dispositifs que je mets en place. Quel est le projet sur lequel vous avez préféré travailler ? Et celui-ci qui a été le plus éprouvant ? Difficile à dire… Grâce aux projets que j’ai menés et aussi grâce à mon blog (www.motsdemode.com), j’ai rencontré des personnalités dont j’admire le travail : Jean Charles de Castelbajac, Diane Von Furstenberg, Olivier Echaudemaison, Carine Roitfeld, Jérôme Dreyfuss. Dans ces moments-là, je réalise combien j’aime mon métier. Le projet le plus éprouvant, je l’ai vécu lorsque j’étais au Printemps, en 2008. A l’époque personne ne croyait aux blogs de mode. Et moi j’avais décidé de créer un magazine éphémère avec certaines d’entre elles (Garance Doré, Pandora, Baisers Volés, Nuche Nuche)… J’ai convaincu ma directrice de l’époque, qui croyait en moi. On a distribué le magazine à plus de 10 000 exemplaires, un carton ! Et j’avais eu raison d’y croire : l’année suivante, Garance était personnel shopper pour le Printemps à l’occasion de l’un de leurs événements… Nardjisse Ben Mebarek par Hélène Giansily Avec quels créateurs et influenceurs aimeriez-vous travailler ? Coté mode et luxe, Guillaume Henry, Isabel Marant, le duo d’Opening Ceremony, Humberto Leon et Carole Lim, et la maison Hermès. Coté influenceurs, plutôt des journalistes : Caroline Issa (Because Magazine), Carine Roitfeld (qui lance son propre magazine en septembre), Alexandra Golovanoff. La crème de la crème… Pour vous, quelles sont les qualités d’un leader d’opinion ? Son réseau et son expertise. Associer mode et communication, c’était une évidence pour vous ? Oui, ce sont les deux sujets qui me passionnent le plus. Je ne pourrais pas avoir un job alimentaire… Comment voyez-vous l’évolution de Red Stilettos dans le futur ? Comme une structure qui apporterait son expertise au sein d’une plus grande agence… Vous êtes aussi à la tête du blog Mo(ts) de mode. Qu’est-ce qui vous différencie des blogueuses mode ? Je ne montre pas mes vêtements. Je ne suis pas un blog de streetstyle. Je n’ai sans doute pas assez d’égo pour cela… En revanche, j’aime écrire sur la mode et ses humeurs. Ce dont j’aime parler sur le blog, c’est de mon expérience, de mon point de vue sur la mode, les marques, leurs campagnes de publicité, mes coups de cœur sur un style ou un créateur… J’essaie de partager ma culture avec légèreté. Que pensez-vous des blogueuses mode qui pullulent sur le web ? Je suis fidèle aux blogueuses de la première heure : Punky B, Café Mode, Be Snob, Susie Bubble. Et aux blogueurs, comme le Modalogue dont j’aime le ton et les récits… Et je suis de près le blog de mon amie Lisa, Make My Lemonade. Quels sont vos derniers coups de cœur mode ? La collection 10 Crosby de Derek Lam, Céline, Isabel Marant (à laquelle j’essaie d’être fidèle malgré son évolution trop internationale à mon goût), la collection Karine Arabian pour André… Quels seront les futures tendances et créateurs à suivre ? Les tendances ? Ca va, ca vient… Je préfère les basiques qui se réinventent chaque saison. Donc je dirais le noir, encore et toujours, et l’imprimé léopard sous toutes tes formes… Du coté des créateurs, je milite pour la French touch : Quentin Veron, IRM Design, Christine Phung, et trois petits génies : Guillaume Henry pour Carven, Anthony Vaccarello et Pièce d’Anarchive, un trio de filles qui vient de remporter l’un des prix de l’ANDAM…