Lucia Etxebarria Out Bridget Jones, Carrie Bradshaw et autres Becky Bloomwood. La littérature féminine n’est pas qu’une affaire de trentenaire modeuse, célibattante et engluée dans un job envahissant. Nous vous proposons de (re)découvrir 10 auteures confirmées ou nouvelle génération qui parlent de femmes réelles, avec leurs drames, leurs envies et leurs échecs. Que le style soit léger ou trash, qu’elles décrivent le simple quotidien ou la déchéance d’un personnage, toutes ces auteures écrivent sur et pour des femmes. Voici la nouvelle Chick Lit : Lucia Etxebarria est la digne représentante du courant alternatif espagnol. Ses héroïnes sont souvent belles, fragiles et pleines d’angoisse. Elle a été révélée par Amour, Prozac et autres curiosités mais on a préféré De l’amour et autres mensonges. Celui-ci fait un portrait du Madrid arty et cosmopolite où évolue Ruth, une célèbre scénariste déchirée par sa dépendance amoureuse envers Juan, écrivain raté et opportuniste. Courtney Eldridge décrit les moeurs les plus loufoques de ses contemporaines américaines à commencer par elle même, confrontée à l’angoisse de la plage blanche. Une jeune femme paralysée par des TOC, une meilleure amie qui refuse d’aller à la piscine par peur des requins… L’auteur nous plonge avec humour dans les grosses petites névroses de filles qui pourraient être nos voisines, nos soeurs, nos mères. Cara Zina est la meilleure amie de Virginie Despentes et partage le même terrain de jeu littéraire que la Grande. Si Cara Zina a choisi une vie un peu plus rangée que Virginie Despentes, son roman Heureux les simples d’esprit n’en est pas moins plein de sensibilité. Dans ce roman, elle raconte avec simplicité sa vie avec son fils handicapé, tout en gardant cet élan de révolte qu’on affectionne. Laurie Colwin aime Des filles de la Côté Est mais elle aime surtout décrire des tranches de leur quotidien. Couples incertains, adolescente amoureuse du père de sa meilleure amie, secrets et regards entendus sont monnaie courante chez Laurie Colwin. Pas vraiment d’intrigue, pas de suspens ou de conflit mais des réflexions, un état d’esprit. Victoria Lancelotta n’a écrit que deux romans mais est acclamée par la critique qui la compare souvent à Raymond Carver. Elle s’attache à dresser des portraits de femme déchirées par la solitude et le chagrin et qui rêvent d’un ailleurs. Victoria Lancelotta est elle aussi dans une optique de réflexion, d’introspection. Avec Loin, elle sonde l’âme humaine pour un recueillir ce qu’il y a au plus profond. Ann Scott est souvent trop discrète à notre goût. Si on est un peu moins fans de ces derniers ouvrages comme Les chewing-gums ne sont pas biodégradables, on ne peut pas l’oublier dans cette liste. En effet, Ann Scott a marqué à sa manière la littérature française avec l’excellent Superstars ou le moins célèbre mais tout aussi convainquant Poussières d’anges. Avec un langage simple, imagé, Ann Scott arrive à décrire les doutes et les angoisses de l’âme, entre autobiographie et fiction. Barbara Israël est une réalisatrice de documentaire avant d’être un écrivain. Ce virage lui a réussi puisqu’aujourd’hui son premier roman, Pop Heart, est cité spontanément par les lecteurs du genre alternatif. Les personnages de Barbara Israël sont des musiciens, des fans des Clash, de New Order et des Pixies. Ils vivent leur vie comme ils l’entendent et sont le reflet de toute une génération, celle qui sortait au Gibus à l’époque où celui-ci passait du vrai rock. Rose Heiney est une jeune auteure anglaise dont le premier roman, The Days of Judy B est une sorte d’ovni littéraire qui parle de talent gâché, de dégoût de soi mais dans une ambiance de comédie étrange et sarcastique. On se régale, on se demande jusqu’où Judy, anti-héroïne par excellence, va tomber et on se prend à suivre avec avidité ses aventures rocambolesques. Coralie Trinh Thi est plus connue comme actrice pornographique que comme écrivain. C’est pourtant une auteure de talent comme le prouve Betty Monde qui bien qu’il nous fasse penser au Bye Bye Blondie de Virginie Despentes, est plutôt réussi et engageant. Dans ce roman, Coralie Trinh Thi expose son amour du rock qui devient sous sa plume plus que de la musique mais un réel état d’esprit. Virginie Despentes est un peu la prêtresse d’une littérature franche, nerveuse et profonde. Lire un de ces livres, c’est un peu comme écouter un disque de rock, ce n’est pas de tout repos ! Mais celle qui a la réputation de débrider la sexualité des femmes dans ses livres est un peu plus subtil que les critiques veulent bien le faire entendre. En effet, qu’elle explore la profondeur du sentiment amoureux et la détresse psychologique dans Bye Bye Blondie ou qu’elle écrivent sur les relations père-fille dans Tel père – telle fille, Virginie Despentes se démarque et nous marque. Virginie Despentes