Paulette Magazine 2011 est une année chargée pour le secteur de la presse, qui avait déjà subi beaucoup de mutations. Nous ne parlerons pas ici des déboires de France Soir & Co mais plutôt des changements qui ont eu lieu dans la presse féminine cette année : Apparition de nouveaux magazines, explosion de la blogosphère et des webzines, voici un état des lieux. En effet, nous avons vu arriver trois petits nouveaux dans ce paysages médiatique déjà chargé : Grazia, Be et Envy (qui est décédé depuis). Ces supports ont su se greffer avec brio à Elle, Glamour et autres Cosmpolitan même si les ventes les plus importantes en 2010 reviennent toujours aux vieux éléphants : Prima, Maxi, Avantages et Marie Claire. Ceci dit, Grazia et Be ont vu leur chiffres augmenter progressivement, en même temps que leur notoriété. La tâche était pourtant ardue et on se souvient à quelle point il a par exemple été difficile pour le magazine Muze de trouver son positionnement il y a quelques années. Grazia et Be ont su imposer le style à la fois chiadé et accessible et toucher leur cible grâce à des campagnes promotionnelles intenses sur le web et plus particulièrement grâce à leurs sites. Car ces magazines nouvelle génération jouent sur les deux tableaux : le papier et le web. Chacun possède un site ultra fourni avec contenu exclusif à la clef et forums gérés par des équipes de community manager très investies. Pour ces supports, le web a autant sinon plus d’importance que la version papier. Be se positionne par exemple comme la « première communauté 100% mode » et met en avant des rédactrice-blogueuses. Grazia propose une web TV, Le Studio, qui regroupe « les meilleures vidéos culture, style, mode, beauté ». Dans ces deux magazines, on retrouve la volonté de créer une communauté de lectrices, dans le but de fidéliser celles-ci et de les faire se sentir privilégiées. Grazia Magazine La presse féminine doit-elle obligatoirement passer par le Web ? Est-ce l’amorce d’un nouveau schéma ? On peut le croire ! En effet on assiste depuis plusieurs années à l’émergence de nouveaux médias dans le domaine de la presse féminine. Est-il nécessaire de rappeler l’importance des blogs aujourd’hui ? La plupart d’entre nous – femmes et parfois même hommes – suivent les tribulations de blogueuses qui font aujourd’hui office de prescriptrices. Citons par exemple Betty, Punky B, Éléonore Bridge, Garance Doré… Ces blogs sont devenus de véritables « machines à gaz » avec une ligne éditoriale propre, des partenariats de marque et des insertions publicitaires rentables. On les consulte comme on lirait Vogue ou Numéro sauf que ces blogs sont écrits par des « filles comme nous » qui nous livrent leur désillusions mode et leurs coups de coeur persos. On peut s’identifier beaucoup plus facilement à elles qu’à une journaliste anonyme. On ne peut que saluer les réflexes marketing de ces blogueuses, en dehors de leur talents stylistiques et rédactionnels. Autre format : les webzines, qui ne sont pas en reste avec Mademoizelle, Elle Adore ou encore Coco et ses tendances de mode, qui sont de plus en plus lus et qui cultivent la proximité avec leur lectorat grâce à de nombreux jeux concours, événements privés et forums participatifs. Véritables plateformes, des sites tels que Mademoizelle, Elle Adore ou encore Au Féminin couvrent presque tous les thèmes : de la mode bien sûr, à la cuisine et la déco, en passant par le Web ou l’astrologie. Difficile de ne pas se retrouver dans les contenus de ces webzines qui s’adressent à une cible très large au contraire des médias papier à qui on rapproche parfois d’être trop sectaires. Oublions l’aspect marketing des blogs et webzines et concentrons-nous sur les avantages directs qu’offrent ces nouveaux médias. Il y a quelques années, on trépignait d’impatience en attendant la sortie en kiosque de notre magazine préféré auquel on était très fidèle et qui nous accompagnait la semaine entière (ou le mois entier pour les mensuels). Quand on avait fini de le lire, on attendant avec impatience le numéro suivant avec son lot de surprises et de nouveautés. Aujourd’hui les choses ont changé. Pourquoi se déplacer au kiosque et payer un magazine papier quand on a un accès illimité et gratuit aux ressources que proposent ces nouveaux supports web ? Plus la peine d’attendre la parution du vendredi, le contenu arrive directement sur l’ordinateur, le portable ou la tablette et surtout, l’information est livrée quasiment en direct grâce aux flux RSS. Et surtout, l’information est illimitée et comme pour les chaines TV, nous avons pris l’habitude de zapper et de consulter jusqu’à plusieurs dizaines de blogs et webzines. Que demander de plus ? Mais entre le blog et le magazine papier, des concepts encore plus pointus sont en train de voir le jour. Il faudra maintenant compter sur un nouveau genre de supports présentés comme des magazines papier mais pourtant tout à fait virtuels. L’exemple le plus probant est Rookie Mag aux États-Unis, crée par la jeune Tavi Gevinson à laquelle nous avions consacré un article il y a peu. Rookie s’adresse à une cible féminine jeune et est diffusé exclusivement sur la toile. En France, Simon(e) en est l’exemple parfait. Créé par Laetitia Mannessier et Anaïs Obenson, respectivement âgées de 21 et 23 ans, Simon(e) a été crée avec un budget de zéro euro mais beaucoup d’idées et de style. Pas de RP mais une promo intensive sur les réseaux sociaux, en particulier Facebook et un bouche-à-oreille qui a fonctionné. L’objectif de Simon(e) ? Paraître en version papier. Même profil et même objectif pour le magazine en ligne Paulette. Celui-ci prévoit une mise en kiosque pour le printemps 2012 avec 30 000 abonnements vendus. Peut-on donc dire que ces nouveaux médias innovent pour mieux revenir ensuite à un modèle traditionnel ? Preuve en tout cas que selon ces nouveaux leaders et les études de marché, les amoureux du papier existent toujours. Simone Magazine par Jean du Sartel