Metropolis Metropolis est un film qui a marqué en profondeur l’histoire du cinéma. C’est d’abord l’un des films muets les plus représentatifs du genre. Mais c’est aussi un précurseur du genre Science Fiction qui a inspiré de nombreux cinéastes et de nombreux artistes divers. Saviez-vous que Madonna et Janelle Monáe se sont inspirées de certaines scènes du film pour leurs clips ? Du 19 octobre 2011 au 29 janvier 2012, la Cinémathèque Française consacre une session à Metropolis. Au programme, présentation du film de Fritz Lang à travers ses six grandes séquences : La Cité des Fils, La Ville Ouvrière, La Ville Haute, Le Laboratoire Rotwang, Les Catacombes, La Cathédrale. Le visiteur se laissera guider au sein même du film et pourra découvrir des pièces uniques telles que des croquis originaux du décor, des costumes et le fameux robot de la « femmemachine ». En effet, la Cinémathèque possède à ce jour plus de 800 photographies du film, des dessins originaux des décorateurs Erich Kettelhut et Otto Hunte, le robot reconstitué par Walter Schulze-Mittendorff. Un véritable trésor qui sera dévoilé au public dans un peu plus d’un mois. Pour les profanes, la Cinémathèque nous parle de Metropolis : « Metropolis a été tourné entre 1925 et 1926 dans trois des plus grands studios de Neubabelsberg, dans la banlieue de Berlin. 311 jours et 60 nuits de tournage furent nécessaires pour terminer cette œuvre spectaculaire. Outre les huit acteurs principaux, il fallut engager 750 acteurs pour les petits rôles et, dit-on, 25 000 figurants. 6 millions de marks furent dépensés durant le tournage, soit un dépassement de 5 millions sur le budget prévu. Ce qui caractérise Metropolis, c’est la grandeur technique de son exécution. Les images de l’usine, avec ses foules d’ouvriers marchant en cadence, les visions de la ville avec ses étages superposés, inspirées de New York que Lang a visité en 1924, les scènes du robot entouré de cercles de feu, sont fixées dans la mémoire collective. L’église souterraine de la nouvelle religion sociale, avec son enchevêtrement de croix et de jeux lumineux, le rythme des scènes de l’inondation, la fantasmagorie éblouissante de la naissance de l’androïde, restent de grands moments d’anthologie. C’est le dernier film expressionniste, le premier de la Nouvelle objectivité, et le triomphe des « Filmarchitekten » allemands. Épopée du travail tayloriste, de la technologie et des collectivités, réalisation des prophéties de l’Apocalypse par le machinisme et la corruption, c’est une oeuvre moderne, effrayante, prémonitoire à certains égards du futur cauchemar nazi. L’équipe réunie par Fritz Lang est exceptionnelle et marque, avec le Faust de Murnau et Napoléon de Gance, l’apogée progressive de « l’Art Muet ». Ce qui intéressait initialement Lang, c’était l’affrontement entre la magie et l’occultisme – le domaine de Rotwang – et la modernité technique – incarnée par Fredersen, le maître de Metropolis. Lang n’a finalement pas pu approfondir cet aspect occulte, ce qui a fini par engendrer une sorte de rupture stylistique dans le film. C’est surtout visuellement, techniquement et au point de vue du spectaculaire que Metropolis s’affirme comme une oeuvre phare pour l’histoire du cinéma. Les nouveaux procédés de prise de vue avec miroirs permettent de composer des images en trompe-l’oeil avec des décors qui semblent gigantesques : c’est l’ancêtre de la projection frontale développée par Stanley Kubrick dans 2001, l’Odyssée de l’espace. On utilise également des procédés d’animation, la méthode des surimpressions, des caméras américaines, allemandes et françaises dernier cri… La plus récente technique cinématographique est appelée en renfort par Lang, afin de donner à Metropolis une grande modernité esthétique et technologique. » Cette exposition sera aussi ponctuée de l’intervention de l’urbaniste et philosophe Thierry Paquot sur le thème « Metropolis, matrice des villes du futur ? » qui aura lieu le 7 novembre à 19h. Cette conférence sera suivie de la projection d’un film choisi par Thierry Paquot, La Vie future, de William Cameron Menzies.