Il y a un an, nous vous parlions de la Splendens Factory – crée par Adrien Moisson – qui se développait à grande vitesse dans la rue Muller à Paris… Il y a quelques jours, nous avons eu la chance de visiter cet endroit avant son ouverture au public en mars. Et on doit avouer que nous n’avons pas été déçus. Outre l’intérêt du projet – qui a pour ambition de rapprocher deux mondes de la création : les créateurs d’émotion (les artistes) et les créateurs de valeur (les marques) – l’endroit est impressionnant. En effet, c’est dans une maison montmartroise de 350 m2 que l’équipe de la Splendens Factory a décidé d’installer ses studios de création (photos, peinture, bd, cuisine, films, musique, digital…) sur plusieurs niveaux. Vous pensez très fort à la Factory de Warhol ? Nous aussi. Rencontre avec Adrien Moisson. Hello Adrien, peux-tu nous parler de ton parcours ? Tout d’abord, je suis docteur vétérinaire, ça me permet de me rappeler chaque jour que « je sais que je ne sais rien » dans ce secteur et donc de me remettre en question en permanence. Puis, j’ai fait sup de Co Paris (ESCP) et j’ai lancé un label de musique. Cela m’a permis de rassembler de nombreux artistes différents (musiciens, mais aussi graphistes, photographes, réalisateurs, designeurs, scénographes, webmasters…) et de me rendre compte que chaque artiste, comme chaque marque, a besoin de musique, de films, de DA (photo, illustrations, graphisme…), d’événements et de web… C’est alors que je me suis intéressé à la publicité comme source de rentabilité pour les artistes, mais aussi comme débouché pour leur créativité. J’ai toujours rêvé de créer une Factory, je me suis alors associé à mon frère: Laurent Moisson qui est un super manageur et un très bon chef d’entreprise (je m’occupe plutôt du développement et de la partie artistique). Aujourd’hui, nous avons une équipe très solide composée d’une vingtaine de personnes dont Nathalie Grava (directrice événementiel), Dominique Lauga (directeur films), Valérie Magnier (directrice du développement) et de superbes artistes, dont Andy Gardiner (musique), Guillaume Sanchez (food), Violaine Carrère (photo et design), Julien Lischka: DA et graphisme, Arthur et Hanaé (peintres), Vainui de Castelbajac (illustratrice), Clément Gino, Natalianne ou Maxime Massard (réalisateurs)…. Peux-tu nous expliquer le concept de la Splendens Factory ? C’est une Factory d’artistes, une vraie pépinière, un tremplin qui permet aux artistes de se concentrer sur ce qu’ils savent faire de mieux: la création, l’imagination, le développement de leurs talents. C’est une boîte de production qui bosse avec toutes les grandes agences de pub, mais aussi un lieu qui accueille des artistes et qui leur permet de toucher un public (par des expos, des soirées, des films, des opérations web ou digitales…). Tu serais donc l’Andy Warhol des années 2010 ? Le nom de « Factory » vient effectivement d’Andy Warhol; de Manchester aussi (le label Factory), mais c’est vraiment celui qui définit le mieux ce que l’on fait. Nous ne sommes pas un collectif d’artistes, car nous sommes bien plus structurés, nous apportons une aide administrative, financière et juridique aux artistes. Nous leur apportons aussi des contrats et du soutien matériel. Le but est qu’ils se développent de la façon la plus libre qui soit en fonction de leurs aspirations et de leurs envies… Quelles sont les particularités de la Splendens Factory ? En quoi se démarquent-elles d’une galerie ou d’un label par exemple ? Nous sommes un lieu et une organisation hybrides : label, galerie (nous ouvrons la notre en mars, à Saint-Lazare), mais aussi boite de prod film, studios photos, shop de design, ateliers graphiques, ateliers d’arts… mais aussi boite de prod film, event, web et DA. Nous surfons sur les arts et les nouvelles technologies… la créativité et la passion…. On a le sentiment que pendant toute ta carrière, tu as eu la volonté de rassembler les artistes, les événements et les marques, notamment avec Elegangz, ton premier projet. Pourquoi cette envie ? J’aime rassembler des gens, collaborer, créer en groupe, c’est pour ça que j’ai quitté le métier de vétérinaire. Notre époque permet la mixité, au début, on me prenait pour un extraterrestre à vouloir faire autant de choses, maintenant, cela paraît presque normal… Mais l’hybridation de la Factory ne s’arrêtera jamais, nous commençons des recherches plus poussées dans les nouvelles technologies, pour marier les entrepreneurs et les artistes (grâce au Club de la Factory), mais aussi du côté de l’économie collaborative (avec le château de Millemont, la Splendens Gallery ou le festival « la Dynamiterie »). Peut-on d’ailleurs dire que la Splendens Factory est une évolution plus mature, peut-être plus posée d’Elegangz et de tes précédents projets ? C’est plutôt une suite logique. Comme aujourd’hui je suis mieux entouré (ce qui a pris du temps), oui, tout à fait, Splendens Factory est plus mature, plus stable, plus solide, mais je ne veux pas qu’elle s’endorme, je tacherai toujours d’aller plus loin, car le projet est encore très vaste. Le brand content a une grande place à la Splendens Factory. En quoi est-ce une évolution (peut-être même une révolution ?) d’y intégrer les artistes ? Le brand content est la base de notre travail sur le côté boîte de production publicitaire. Nous souhaitons mettre les artistes au coeur de la création, nous proposons donc toujours aux agences, des artistes originaux qui connaissent le sujet mieux que personne. Les artistes sont notre pilier le plus important, le plus sacré. Ensuite viennent les producteurs qui permettent de réaliser nos projets, nos rêves… ces deux piliers se mêlent dans un lieu: La Factory. N’est-ce pas justement un peu difficile de soutenir les artistes dans leur démarche personnelle tout en les incluant dans un processus plus commercial avec les marques ? Au début, c’était compliqué, mais maintenant, c’est rentré dans les moeurs, du moins, avec les artistes avec qui nous travaillons. Les marques ont appris à respecter les artistes et leurs créations et les artistes ont compris que les marques pouvaient leur permettre d’avoir le budget pour réaliser certains de leurs rêves. Comment vois-tu l’évolution de la Splendens Factory dans les années à venir ? Plus grande et plus stable, mais ça, ça se remarque tous les jours et surtout je souhaite un développement international. Cette année, nous avons levé des fonds (grâce à l’arrivée de mon frère associé) et avons déjà deux propositions d’ouverture de Factory à l’étranger. Mais mon obsession principale s’appelle Los Angeles, et je pense qu’elle deviendra réalité assez vite. Nous souhaitons créer un vrai réseau d’artistes pluridisciplinaires et de techniciens créatifs dans les nouvelles technologies, pour leur permettre d’échanger, de partager ou tout simplement de voir du pays… Et ta propre évolution, en tant que touche-à-tout et – n’ayons pas peur des mots – visionnaire ? Continuer de faire évoluer la Factory, accueillir de nouveaux artistes, de nouvelles disciplines (artistiques ou autres), créer de nouveaux types de productions, ouvrir de nouvelles Factory, découvrir de nouvelles technologies…. et continuer de vivre passionnément. – A la demande de la Splendens Factory, les commentaires ont été désactivés sur cet article –