Depuis une quinzaine d’années, le marché du design et plus particulièrement du design vintage fait fureur. Mais qu’est-ce qui explique cet engouement ? Éléments de réponse avec Lionel Obadia, fondateur du site Design Market. Bonjour Lionel, pouvez-vous nous parler de votre parcours ? Ingénieur de formation, après 15 années dans l’innovation Télécom et Web pour des grands comptes du CAC 40, j’ai décidé d’allier mes compétences à ma passion pour le mobilier design du 20e siècle en créant Design Market, la 1ère place de marché en ligne consacrée au mobilier design du 20e siècle. Comment est né Design Market et quelle est la vocation du projet ? L’idée est partie d’un constat très simple : après avoir chiné pendant des heures sur le web pour trouver des pièces des années 50, j’ai constaté que c’était la jungle : il n’existait aucun site spécialisé qui rassemble toutes ces pièces en un lieu unique, et encore moins de sites proposant des services clés en main type paiement sécurisé, livraison à domicile, authenticité garantie, etc. Le concept Design Market m’est alors apparu, et nous l’avons peaufiné pendant 12 mois avec mon associé David avant la version actuelle. Comment choisissez-vous les produits que vous commercialisez ? Nous sélectionnons avec rigueur les pièces qui sont en vente sur Design Market, qui sont exclusivement issues de marchands professionnels spécialisés en design du 20e siècle (galeristes, antiquaires). Ensuite, nous avons des critères d’éligibilité : uniquement du « modern design » des années 40 à 90, pas d’Art déco ni d’Industriel. Nous souhaitons pour l’instant nous concentrer sur une seule chose, et le faire du mieux possible. Autre critère : Pas de choses cassées, trouées, à restaurer, mais uniquement des produits « utilisables immédiatement », donc soit en bon état d’usage, soit restauré. Vous avez l’ambition de « révolutionner les habitudes des chineurs ». Comment se manifeste cette révolution ? Oui, enfin modestement ! Ce qui est sûr c’est que notre concept est unique, et les services que nous proposons dans ce domaine aussi, particulièrement l’authentification des pièces, certificat d’expertise à l’appui si nécessaire. Donc oui, notre site permet d’accélérer et simplifier les recherches de pièces design du 20e siècle, et d’apporter un gage de sécurité pour les transactions en ligne liées aux pièces de design du 20e siècle. Voilà ce qu’on apporte à tous nos acheteurs. Comment a évolué le marché du design vintage ces dernières années ? En France, le marché des antiquités n’a, à notre sens, plus tellement le vent en poupe pour les générations actuelles. Les côtes qui montent sont donc celles des pièces du 20e siècle, et celles qui descendent les antiquités du 17e, 18e, 19e siècle. Regardez les statistiques de recherches dans Google et vous verrez le même constat vis-à-vis de ce qui intéresse les internautes de 25 à 60 ans. Comment expliquez-vous l’engouement des gens pour le vintage ? Il faut bien discerner ce qu’on entend par « vintage ». Aujourd’hui, tout est vintage ! le mot est galvaudé. On l’emploie à tort et à travers pour tout et n’importe quoi, des voitures aux montres, au prêt-à-porter, et la moindre chaussure trouée et bonne à jeter est devenue une basket vintage ultra-tendance ! Il s’agit donc d’un phénomène de mode, et d’une appellation populaire s’appliquant à tous les domaines, à bien différencier du design du 20e siècle, ce que nous faisons chez Design Market. Ensuite, il est clair que dans une période de récession comme celle qu’on connait depuis quelques années, les objets « vintage » ou design du 20e siècle sont clairement une valeur refuge qui rassure les consommateurs, et invoque la nostalgie de notre enfance, période où l’économie et les lendemains étaient peut-être moins incertains. Ajoutez à cela l’obsolescence programmée qui impacte aussi les meubles, souvent de piètre fabrication et avec des matériaux un peu « cheap », et vous comprendrez pourquoi un meuble des années 60 en palissandre de Rio (bois aujourd’hui protégé) est une pièce rare, parfois unique, et inégalable par la production de masse d’aujourd’hui. Assiste-t-on à un retour de l’authenticité, d’un design qui apparaitrait presque comme une valeur refuge ? Je pense sincèrement que oui. Plus on avancera, plus les gens reconnaitront le travail des précurseurs, la créativité qui a émergé au 20e siècle, et donc la valeur de ces pièces uniques et authentiques. Non pas pour dénigrer le travail des designers et éditeurs actuels, mais tout ce que vous voyez aujourd’hui est parti du 20e siècle, c’est le point de départ qui a influencé toutes les créations modernes ! Qui sont les designers qui fonctionnent le mieux ? Il y a une question de budget, mais dans les premiers prix, les fauteuils en fibre de verre de Charles & Ray Eames sont des classiques indémodables. Le design scandinave connait aussi un beau succès depuis une dizaine d’années. Pour les budgets plus importants, les créations françaises et italiennes des années 50 et 60 (Guariche, Le Corbusier, Perriand, Prouvé, Aulenti, Zanuso, …) sont très prisées. Enfin, quels sont vos projets de développement pour les mois et les années à venir ? Nous avons beaucoup de chantiers en cours. Le plus important est sans doute le site en Anglais que nous ouvrons dans quelques semaines, grâce auquel nous pourrons toucher un public mondial. Notre ambition est de devenir le site mondial de référence, en proposant des milliers de pièces issues de marchands du monde entier. On croise les doigts !