Garry Winogrand (1928-1984) est peu connu du grand public. Il est pourtant un grand photographe américain, de ceux qui ont su capturer leur époque pour en révéler les moeurs et les habitudes, au même titre qu’Evans, Frank, Friedlander ou Klein. Dès les années 1950 et jusqu’au début de la décennie 1980, Garry Winogrand a photographié la vie new-yorkaise et plus largement, celle des américains. Extrêmement prolifique, il a souvent différé la sélection et le tirage de ses images. À sa mort, survenue brutalement à l’âge de 56 ans, il a ainsi laissé derrière lui environ 6 500 bobines (soit quelque 250 000 images) qu’il n’a jamais vues ainsi que des planches-contacts des années antérieures, qui avaient été marquées mais jamais tirées. De sorte que près de la moitié des photographies de cette exposition n’ont jamais été montrées ni publiées à ce jour et que plus de cent n’avaient encore jamais été tirées.

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Jusqu’au 8 février 2015, le Jeu de Paume (Paris) lui rend hommage à travers une exposition organisée conjointement par le SFMOMA et la National Gallery of Art de Washington. Les photographies de l’exposition et celles du catalogue composent un portrait vivant de l’artiste, chroniqueur de l’Amérique de l’après-guerre à l’égal d’un Norman Mailer ou d’un Robert Rauschenberg qui, durant les décennies postérieures à la Seconde Guerre mondiale, témoignèrent inlassablement d’une Amérique ballottée entre optimisme et bouleversements.

« Il n’existe en photographie aucun ensemble, de taille ou de qualité comparables, qui soit à ce point resté à l’état de friche », déclare Leo Rubinfien qui, dans les années 1970, fut l’un des plus jeunes dans le cercle d’amis de l’artiste. « Cette exposition est un premier pas vers une analyse d’ensemble du travail inachevé de Winogrand. Elle est aussi l’occasion de s’éloigner d’une présentation thématique au profit d’une approche plus libre, fidèle à l’esprit qui était au cœur de sa démarche, ce qui permet de renouveler le regard porté sur son œuvre, même de la part de ceux qui pensent le connaître. »

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L’exposition est divisée en trois parties, chacune couvrant une grande variété de sujets chers à l’artiste. « Descendu du Bronx » présente des photographies prises en majorité à New York, depuis ses débuts en 1950 jusqu’en 1971 ; « C’est l’Amérique que j’étudie » rassemble des travaux réalisés à la même époque mais lors de voyages hors de New York ; et « Splendeur et déclin » porte sur la période de maturité depuis son départ de New York en 1971 jusqu’à sa mort en 1984 avec des images du Texas et de Californie du Sud, ainsi que de Chicago, de Washington, de Miami et d’ailleurs. Cette troisième section comporte également un petit nombre d’images prises lors de ses retours à Manhattan, dans lesquelles s’exprime une tristesse absente, jusque-là, de son travail.

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