Qu’est-ce qu’une vraie parisienne ? Qui est-elle vraiment quand on la dépouille de ses clichés ? À moins que ce ne soit eux qui la façonnent. Audrey Diwan, Anne Berest, Caroline de Maigret et Sophie Mas tentent de répondre à cette question avec l’ouvrage How to Be Parisian Wherever You Are : Love, Style, and Bad Habits. Rencontre avec Audrey Diwan, touche-à-tout et passionnée d’écriture. Hello Audrey, peux-tu nous parler de ton parcours ? Comment est née ta vocation de journaliste ? À six ans, quand on m’a demandé ce que je comptais faire plus tard, je n’ai jamais répondu, comme la plupart des filles de cet âge, «infirmière» ou «vétérinaire». D’abord parce que j’ai peur du sang, ensuite parce que je n’ai jamais eu d’animaux. Mais surtout, car j’ai toujours su que je ne ferai qu’une chose de ma vie, de mes dix doigts : écrire. Ton métier de journaliste t’a-t-il mené naturellement à celui de scénariste et d’écrivain ? Mon métier de journaliste, je m’y étais d’abord résolu attendant le jour où je pourrai me concentrer uniquement sur la partie artistique de mon activité d’écriture. Et chemin faisant, j’ai pris goût à cette forme d’expression, au rapport à la réalité, la prise qu’elle te donne avec le présent. J’ai su que je m’étais trompée. La création du magazine Stylist avec mon amie Aude Walker, rédactrice en chef, et notre DA, Joachim Roncin, fut une des expériences les plus joyeuses de ma vie. Je suis accro à ce bureau, son atmosphère et la liberté, de plume et de ton, du journal. Peux-tu nous parler du livre How to Be Parisian Wherever You Are: Love, Style, and Bad Habits, co-écrit avec Anne Berest, Caroline de Maigret et Sophie Mas ? Il nous a semblé essentiel de rire de la parisienne, de la redéfinir avec plus d’honnêteté, en évaluant ses singularités les plus excitantes et ses défauts les plus extraordinaires aussi. Sans sarcasme trop prononcé, non. Nous connaissons bien cet archétype toutes les quatre… et pour cause… nous l’incarnons. Il s’agissait d’aller plus loin que le mythe… Qu’est ce qui vous donné envie d’écrire cet ouvrage ? Il n’y a pas eu de plan et pas de calcul. Nous étions ensemble, un soir, comme c’est si souvent arrivé. Nous nous racontions nos dernières histoires avec la franchise, la sincérité brutale que permettent les années d’intimité. Sophie a dit : « il faudrait un livre de toutes ces histoires ». On s’est toutes resservi un autre verre de vin. L’idée était née. Comment s’est passée la collaboration avec tes comparses ? Géniale, joyeuse et tumultueuse. Nous sommes quatre filles différentes et pourtant, nous nous sommes trouvé une voix commune, nous avons réussi à cerner le socle qui fait que, chacune à sa manière, est une vraie parisienne. Ensuite, chacune est partie de son côté avec les thèmes qui l’inspiraient. On écrit, on s’envoie des mails, on compare, on réécrit et à la fin, on voit se dessiner la silhouette de cette énigmatique parisienne. Qu’est-ce qui distingue La Parisienne selon toi ? Pour moi, c’est un personnage. Une femme qui décide de s’inventer une vie, qui parfois (souvent ?) en fait trop. S’absorbe à choisir son plat au restaurant comme si ça vie dépendait de ce qu’elle allait dire au serveur. Elle tombe amoureuse avec la même exagération, change d’avis, pleure. Elle s’arrange pour que sa réalité ressemble au film qu’elle voudrait voir tous les soirs avant de se coucher. Le mythe de la Parisienne perdure-t-il vraiment à l’étranger ? Comment le perçois-tu personnellement ? À l’heure où j’écris ces lignes, je suis à Los Angeles et dès que mon accent trahit ma nationalité, dès que je réponds : « I’m from Paris », je dois avouer que quelque chose change dans le regard des autres. Je peux lire une lueur fugace d’intérêt. J’ai l’impression d’avoir un pouvoir magique que je n’aurais pas nécessairement mérité. Et je dois avouer que ce n’est pas désagréable. Quelles sont pour toi les Parisiennes emblématiques et pourquoi ? J’en ai beaucoup autour de moi, elles ne sont pas forcément célèbres. Je n’aime pas trop les porte-drapeau, les filles qui résument un style à elles seules. Même si je dois avouer que ma meilleure amie, Caroline de Maigret me semble être la meilleure définition de cette femme française. Réponse un peu paradoxale, certes. Mais hé ho, j’ai le droit de l’être, je suis parisienne. En dehors de la sortie du livre, quelle sera ton actualité pour les mois à venir ? J’ai co-écrit La French avec mon mari, Cédric Jimenez. Il a lui-même réalisé ce film qui sortira le 3 décembre en salle. L’histoire du juge Michel, l’homme qui s’est battu seul contre la French Connection et Tany Zampa, parrain de l’époque. Je suis également en train de préparer mon premier film en tant que réalisatrice, La chasse à l’homme, qui se déroulera à Beyrouth.