Le 5 février, le Batofar (Paris) a été le témoin d’un événement qui a rencontré un succès énorme : l’Apéroboat du site Geek and Food. Ce collectif de foodingues anime depuis plus d’un an la toile avec leurs découvertes geek et culinaires. Rencontre Quentin Caillot, avec le créateur du concept. Bonjour Quentin, tu es le créateur de Geek and Food et tu es également consultant en communication culinaire. Peux-tu nous parler de ton parcours ? Je suis tombé dans la communication étant petit et je n’en suis pas sorti ! Après 5 années d’études en communication, je me suis rapidement créé un poste au sein des agences qui m’embauchaient, en privilégiant le digital, les relations blogueurs et le domaine culinaire. Je suis à présent indépendant depuis peu et nous sommes en train de professionnaliser Geek and Food qui devient un collectif à part entière dans lequel de nombreux talents interviennent, mais toujours avec un objectif : la promotion de la cuisine et de la gastronomie. Cette dernière passe par tous les pans de la communication : événements, stratégies de communication, expos, digital… Comment est né Geek & Food ? Il y a un an et demi, j’ai décidé d’élaborer un livre blanc au sein de l’agence dans laquelle j’étais embauché. Ce livre blanc, sur la blogosphère culinaire, était supposé montrer les compétences de l’agence en matière de relations blogueurs et valoriser sa culture culinaire. Le problème est qu’en m’immergeant complètement dans cette blogosphère, j’y ai pris goût et je n’ai pas souhaité en partir. En quittant l’agence, j’ai décidé d’aller plus loin, en créant mon propre blog culinaire (j’avais auparavant un blog sur le marketing digital). Comme c’est plus drôle (et plus simple) à plusieurs, j’ai rapidement rameuté du monde dans le projet. Le collectif s’est alors peu à peu mis en place. Aujourd’hui nous sommes deux équipes de chroniqueurs foodingues à Lyon et à Paris et nous organisons des concours, des événements… Le site est aujourd’hui une référence en matière de food sur le web. T’attendais-tu à un tel succès ? Comment l’expliques-tu ? Si on regarde le boulot quotidien, en semaine/soirs/weekends, que demande ce type de site, cela ne m’étonne pas, car il n’y a pas de secret mais du travail, du travail, du travail… Là où je suis étonné, c’est plutôt côté grand public. En effet, jusqu’à présent, le collectif était au courant que nous avions une certaine légitimité auprès de la blogosphère et du monde de la communication. C’est en remplissant le Batofar (de blogueurs ou non) lors de notre premier event grand public que nous nous sommes rendu compte de cette notoriété naissante. En quoi consiste la communication culinaire ? Est-ce une nouvelle tendance de fond ? La communication culinaire consiste tout simplement à faire connaitre et à promouvoir des acteurs de la cuisine et de la gastronomie (marques, chefs, interprofessions, asso…). Ce type de communication n’est pas nouveau du tout et existe depuis bien longtemps. Ce qui est plus récent en revanche, c’est de faire la promotion d’entreprises et marques non alimentaires, via la cuisine (par exemple un event culinaire pour une banque). Sur ce point on peut effectuer parler d’une tendance mais je ne pense pas qu’elle soit nouvelle et plutôt qu’elle sera bientôt en déclin. On a le sentiment que la thématique food est de plus en plus présente sur le web avec des sujets tels que le « food porn » notamment. Qu’en penses-tu ? La cuisine n’est à mon avis pas plus présente qu’avant sur le web. Elle est juste plus exposée, comme tout le reste, grâce aux réseaux sociaux, au blogging et au mobile. Le phénomène qu’on appelle « food porn » n’est absolument pas nouveau ». La nourriture a toujours été au cœur du quotidien de tous et avant de s’emparer d’Instagram ou Food Reporter pour exhiber sa tarte aux fraises, les internautes investissaient les forums cuisine, les salons de discussions, puis leurs comptes Facebook… Pour certains, la crise incite les gens à se tourner vers des valeurs sûres comme la cuisine. Est-ce un phénomène que tu ressens ? J’entends ça depuis 8 ans. Certes un climat anxiogène incite toujours à se tourner vers des valeurs refuges mais je crois que cela est bien plus structurel. La cuisine (surtout en France) fait, et à toujours fait, partie de notre quotidien, sur tous les plans (questions alimentaires quotidiennes, lors des fêtes, dans les tendances, dans les cultures, lors des crises sanitaires, au sein des questions sociétales…). Il est donc normal qu’il s’agisse d’un sujet central. Avec des émissions comme Masterchef et avec la prolifération des blogs culinaires, on a le sentiment que chacun est un chef dans l’âme. Qu’en penses-tu ? C’est très positif que les gens tentent de s’améliorer en cuisine mais cela relève d’une tendance plus globale à la professionnalisation de l’ensemble des loisirs. Ca fonctionne pour la cuisine, mais également pour la photographie, le sport, et d’autres domaines. On a maintenant facilement accès à du matière professionnel et beaucoup souhaitent devenir « pro » dans un domaine qu’ils apprécient, à côté de leur « vrai métier ». L’avantage de cette valorisation de l’excellence en cuisine est surtout qu’il fait se poser les bonnes questions autour de l’alimentation : bio/nature/locale, produits frais et de saisons, circuits de distribution, gaspillage… En ce qui te concerne, as-tu toujours été passionné de cuisine ou est-ce quelque chose qui est venu tardivement ? Je suis surtout fasciné par la bonne bouffe depuis toujours. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont appris très tôt le goût des bonnes choses, en m’emmenant souvent au restaurant. Leur meilleur ami était pâtissier, ce qui n’arrange pas les choses. Quels sont tes derniers coups de cœur culinaires ? L’éclair Paris-Brest de Christophe Adam. Les puristes diront que cela ne vaut pas le Paris-Brest de Conticini mais moi je l’aime bien ! Quelle est la pire tendance food pour toi ? Je ne vais pas me faire des amis mais… les cupcakes et tous ces gâteaux américains jolis mais au pire écœurants, au mieux insipides. La pâte à sucre devrait être bannie. Enfin, quels sont les projets de Geek & Food pour 2013 ? Peut-on compter sur un prochain Aperoboat ? Nous co-organisons le 1er FoodCamp de Lyon qui aura lieu le 7 avril et nous réfléchissons à un gros événement pour la fin du printemps et qui sait, peut-être un prochain apéroboat d’ici l’été ! Quentin Caillot