Jeffrey Eugenides Il y a des auteurs qui sont si discrets qu’on n’en oublierait presque leur immense talent. Jeffrey Eugenides fait partie de ces auteurs trop peu connus. Cet américain d’origine grecque et irlandaise de 52 ans n’a écrit que trois romans mais quels romans ! Pour beaucoup, The Virgin Suicides est l’oeuvre majeure de la réalisatrice Sofia Coppola mais peu savent qu’à l’origine, cette histoire est tirée du roman éponyme de Jeffrey Eugenides. Si Sofia Coppola a su donner ses couleurs et ce cachet « vintage-liberty » aux films, c’est l’auteur qui a initié ce mystère, cette psychologie trouble et cette solidarité morbide qui règnent entre les soeurs Lisbon. Car derrière ce grand roman se trouve un grand écrivain. Jeffrey Eugenides n’écrit pas pour la gloire ou la notoriété. Accordant très peu d’interviews, il vit reclus à Berlin où il aime le fait de ne pas parler ni comprendre la langue. Ce n’est pas sur les plateaux télé qu’il passe son temps, c’est plutôt derrière son écran ou le nez dans ses livres. En effet, chaque roman est synonyme de longs mois de préparation où l’auteur prépare consciencieusement ses détails historiques et littéraires. The Virgin Suicides de Sofia Coppola d'après Jeffrey Eugenides Ce travail de fourmi se ressent dans le roman Middlesex, d’ailleurs récompensé par le prix Pulitzer en 2003. Dans ce roman de plus de 600 pages, on retrouve l’amour de Jeffrey Eugenides pour les secrets, les non-dits. Après les suicides d’adolescentes, il s’attache désormais à décrire les affres de l’identité sexuelles à travers un personnage principal hermaphrodite, qui naît fille mais devient homme à l’âge adulte. Comme qualifiée par Le Point, « l’exubérance de la métamorphose anime cette farandole, ludique comme une opérette, et la fait virevolter avec fougue ». Calliope alias Cal parle avec naturel de son hermaphrodisme et revient sur l’histoire de sa famille, particulièrement celle de sa grand-mère. A travers ce retour en arrière, on découvre aussi un contexte historique mouvementé entre conflit gréco-turc et émeutes raciales à Détroit. Chacun dans son style, les romans de Jeffrey Eugenides nous plongent au coeur de l’âme humaine, dans ses profondeurs et tout en subtilité, il nous confronte à notre propre condition. Son troisième roman, The Marriage Plot, est sorti cette année dans le silence le plus total en Europe. Aux Etats-unis, ce roman a été salué par la critique, notamment par le New York Times Book Review. The Marriage Pot a notamment été comparé au « I am Charlotte Simmons » de Tom Wolfe. Jeffrey Eugenides